Plat signature : cabillaud cuit au plancton marin et salicornes. Sublime.

LE Drugstore revu par Éric Frechon

Restaurants - 05 juin 17

LE Drugstore, autrement dit le restaurant du mythique drugstore Publicis des Champs-Élysées, a rouvert ce 23 mai, grâce au chef triplement étoilé, Éric Frechon, dont voici la dernière adresse. On y retrouve le décor et l’esprit années soixante-dix, en mieux, et une carte dont Éric Frechon a le secret, dans laquelle on retrouve ses marottes. Pour notre plus grand plaisir.

Le designer Tom Dixon a été chargé réinterpréter des codes des années soixante-dix, pour en faire un lieu chaleureux, conçu pour s’adapter à tous les moments de la journée. Il a magnifiquement utilisé des matériaux nobles comme le cuir pour des banquettes bien rembourrées, du laiton, du marbre, de la pierre, etc. Autant dire que, comparé à la réalité des “seventies”, le style a nettement remonté d’un cran !

La brasserie se découpe en plusieurs espaces : une terrasse extérieure, une verrière meublée contiguë au restaurant, à l’ameublement similaire. Un superbe bar avec des tabourets permet de savourer les cocktails et la cuisine ouverte, bordée d’un autre comptoir en marbre fait face à la salle. Des cuisiniers tout de noir vêtus s’affairent sous les l’œil du chef, Julien Chicoisne, en blanc.

On retrouve l’esprit Frechon de la carte, bien sûr, à la fois raffiné et sans extravagance. C’est rien de dire que vos sens sont tout en émoi sans être agressés.

Pour dîner léger, nous avons préféré commander directement un plat avec un verre de château de Miraval rosé, appartenant encore, aux dernières nouvelles, à Brad Pitt et à Angelina Jolie.
Entre nous, ce vin de stars est avant tout une réelle réussite.
De merveilleuses amandes, pas même salées, à peine torréfiées pour exhaler leur saveur nous permettent de patienter. Pas longtemps.

Le cabillaud cuit au plancton marin, avec des salicornes, un des plats “signatures” de la carte, m’a absolument ravie. Le parfum du plancton est inimitable. Pour l’anecdote, je n’avais pas trouvé de plancton pour cuisiner mon orge perlé aux épinards et j’avais réduit de la laitue de mer en poudre. J’ai bien fait puisque le résultat est le même, en tout cas, très proche. Quelques salicornes et des gnocchis en guise d’accompagnement et trèfles pour le décor rendent ce plat léger particulièrement appétissant.
Le thon rouge cuit saignant, mariné au citron et gingembre est, en fait, un tataki de thon, divinement assaisonné et accompagné d’un demi-cœur de sucrine grillé et arrosé de soja.
Un léger regret toutefois : bien que délicieux et recherchés, les légumes sont servis un peu chichement. Cette remarque vaut aussi pour le Minipalais.
Le burger de gambas à la coriandre, cébettes et gingembre, un autre plat “signatures”, accompagné d’une belle ration de frites, tient davantage au corps et, s’il cède aux fondamentaux du drugstore, cette création se démarque réellement de ce qui se fait habituellement.

Nous aurions pu choisir du saumon cuit à basse température avec de la tétragone mi-cuite. J’ai découvert la tétragone au Minipalais, mais sans jamais avoir pu en acheter. Je profite donc de cette occasion pour demander au serveur où m’en procurer en dehors de Rungis, bien sûr. Renseignements pris en cuisine, on trouve de la tétragone au marché du Président Wilson (entre le Trocadéro et la place d’Iéna) et à celui de la Bastille. Il suffisait de demander.

Quant au confit de fruits rouges et grosse meringue soufflée, pour le dessert, il est carrément irrésistible ! Toute les résolutions diététiques après les plats de poissons s’effondrent, mais qu’importe…
Les fruits rouges au jus d’hibiscus, avec un sorbet à la fraise, un peu moins riches, rivalisent de saveur avec la meringue.

Peut-être restera-t-il un jour à goûter l’une des “viandes de collection” de la carte, entendez du bœuf wagyu du Japon (195 euros pour deux !) ou d’Australie (120 euros…) ? L’Angus beef, d’Irlande (55 euros pour une portion) ou la côte de bœuf de race normande (110 euros le kilo pour deux ou trois personnes) doivent aussi procurer grand plaisir aux amateurs de viande rouge.

La précieuse disponibilité du service, dans les établissements d’Éric Frechon, constante et inébranlable, mérite vraiment une mention spéciale.
Voilà donc que, grâce à Éric Frechon, ici aussi, l’on peut frayer avec le luxe, certes, mais sans se ruiner.

LE Drugstore
• 133, avenue des Champs-Élysées
75008 Paris
(Métro Charles-de-Gaulle-Étoile)

Réservation pour le brunch, déjeuner ou dîner
Tél. : 01 44 43 75 07

• Tous les jours jusqu’à 2 heures du matin

Le Drugstore en cinq dates

• 1958 Ouverture du Drugstore Publicis, jouxtant l’agence créée en 1926 par Marcel Bleustein-Blanchet au 133, avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris.

• 1972 Le 27 septembre, un incendie ravage totalement l’immeuble. Maurice Lévy, informaticien, est parvenu à évacuer le système informatique qu’il avait lui-même conçu. Toutes les archives comptables ont ainsi été sauvées.
• 1974 Nouvelle façade, nouveau décor pour le drugstore.
• 2004 Rénovation du bâtiment par l’architecte américano-iranien Michele Saee. Le drugstore Publicis devient Publicisdrugstore.
• 2017 Ouverture du nouveau restaurant LE Drugstore. Design de Tom Dixon, carte d’Éric Frechon.

La signature d’Éric Frechon en six adresses

L’Épicure Le restaurant gastronomique de l’hôtel Bristol, dont Éric Frechon est le chef. Le Guide Michelin l’a récompensé de trois étoiles en 2009 à ce titre.
114 Faubourg La brasserie de l’hôtel Bristol, avec une étoile au Michelin.
Le Minipalais Dans le splendide décor du Grand Palais, en 2010, Éric Frechon y a signé une carte remarquable, exécutée par Stéphane d’Aboville.
Lazare En octobre 2013, Éric Frechon ouvre sa propre brasserie, c’est le nouveau buffet de la gare Saint-Lazare.
Céleste À Londres, au printemps 2015, Éric Frechon a permis la réouverture du restaurant du Lanesborough, à Hyde Park Corner, grâce à son chef exécutif Florian Favario.
LE Drugstore La dernière carte du chef, avec son chef exécutif Julien Chicoisne.
Dès le mois de septembre, Fabien Lefebvre, meilleur ouvrier de France, qui a secondé Éric Frechon pendant sept ans au Bristol, le rejoindra pour stabiliser la qualité de toutes ces adresses.

Confit de fruits rouges, grosse meringue soufflée. Un péché.
Beau comptoir en marbre pour déguster les douceurs du lieu face au chef exécutif Julien Chicoisne et ses cuisiniers affairés.

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