La Scène Thélème

Voici une belle table découverte grâce à la newsletter du Guide Michelin qui m’envoie toutes les semaines des offres de menus proposées par des chefs étoilés.
Attirée par cette formule à 39 euros pour deux plats et un verre de vin, je suis donc allée tenter l’aventure à cette mystérieuse Scène Thélème après avoir réservé via le site Michelin.
Il s’agit, en effet, d’une véritable expérience gustative, je n’irai pas par quatre chemins pour vous la décrire et, j’espère, vous convaincre.

Pour vous présenter le chef Pierre Rigothier, sachez qu’il a obtenu une étoile Michelin au Beaudelaire, le restaurant de l’hôtel Burgundy.
Le fondateur Jean-Marie Gurné a voulu que le théâtre rejoigne la gastronomie. On peut ainsi, dès 19h, assister à une représentation théâtrale (attention, 50 places seulement) avant de s’attabler ensuite pour dîner.

Sitôt installés, vous est apporté un mélange maison de beurre aux algues, wasabi et sésame noir, irrésistible, à tartiner, pour patienter, sur trois sortes de pain au choix, nature, aux céréales ou au sarrasin. Voilà qui commence bien.
Notez le petit plat sur lequel est disposé le beurre qui évoque un galet et, disons, la Bretagne, par exemple.

Le sommelier, Daniel Pires, un ancien de la Tour d’argent et de Laurent nous verse, soit un excellent Crozes-Hermitage blanc, minéral en diable, soit, un non moins excellent pinot noir champenois.
Il résume ainsi sa vocation : “Le vin est comme une communion, un dialogue qui fait parler la table. Regardez le choix du vin, par exemple, chacun peut s’exprimer, mais doit aussi écouter les autres…”

Pour patienter, toujours, sont servies des mises en bouche qui augurent formidablement de la suite : chips de polenta surmontées de crème de saumon, cigarettes fourrées à la crème de parmesan.

L’entrée, des gambas marinées dans un gaspacho de pastèque, accompagnées de dés de poivron et de feta artisanale : voilà qui est tout à fait surprenant, mais ce gaspacho de pastèque, vinaigré, comme il se doit, avec un filet d’huile d’olive, est une véritable (bonne) surprise. Très honnêtement, cependant, la feta artisanale se remarque assez peu. L’assiette creuse de présentation, vert céladon, donne à cette entrée un réel aspect artistique très engageant.

Quant au quasi de veau qui suit, à la cuisson demandée rosée, il est fond en bouche, parfumé à souhait. Il est servi avec une purée, des radis cuits, de belles feuilles de cresson poivrées qui relèvent le tout et des fraises de pleine terre. Le parfum qui se dégage de ces fraises, c’est indiscutable, vous plonge dans les années d’une enfance lointaine. Néanmoins, avec ce merveilleux quasi de veau, au risque de sembler brutale, elles n’apportent pas grand chose. Peu importe, l’impression globale de ce plat force l’admiration.

Et pour clore le tout, arrivent trois mignardises par personne : une mini-madeleine au miel de châtaignier, fort en goût, une mini-crêpe dentelle artistique et… une pâte de kiwi qui, à elle seule, mérite le déplacement. La délicate chair de kiwi et son petit goût acidulé est tout simplement à fondre de plaisir ! Très gentiment, trois autres pâtes de kiwi ont été à nouveau offertes à chacun.

En plus de ce soin gustatif apporté à cette simple formule de deux plats, telle gentillesse mérite qu’on le fasse savoir.